Retour sur l’édition 2021… Avec les étudiant·es de l’École Estienne
Par Clarisse Hélie, Léa Taing, Kamil Izaret.
DSAA DCN, École Estienne.
Après plusieurs longues minutes à naviguer dans les longs couloirs du métro parisien sous une chaleur accablante, NewImages Festival 2021 nous emmène à la rencontre de films expérimentaux ou documentaires en réalité virtuelle (VR) sous la Canopée. Dans un lieu où l’affluence est abondante, le casque audio et la VR nous plongent dans un tout nouvel espace, une nouvelle expérience notamment avec le film Noah’s Raft de Joel Kachi Benson. Après cette initiation, nous nous dirigeons vers le Forum des Images pour poursuivre cette expérience.
Dans une des salles de projection, on retrouve What Is Left of Reality? de Pierre Zandrowicz et Ferdinand Devieux. Cette installation « scan-based », centrée sur le sentiment d’éco-anxiété, fait part des sentiments contradictoires que l’on peut ressentir lorsqu’on interroge notre avenir et celui de la Terre. Une fois, seul sur scène, on nous embarque dans une expérience immersive d’abord sonore puis visuelle. Des décors abstraits, générés à partir de photogrammétries et de nuages de points (un ensemble de points de données dans un système de coordonnées à trois dimensions) créent une narration visuelle.
Ces images 3D suivent nos déplacements de gauche à droite, d’avant en arrière, grâce à un capteur de mouvement. L’image s’adapte et bouge au rythme du spectateur et devient hypnotisante, on en oublie presque la voix-off et la narration qui restent en arrière-plan. Une histoire se construit, on explore des univers jusqu’à arriver à un avatar neutre dans une couleur orange, construit par un nombre incalculable de particules ou cellules. Par ses mouvements, on comprend qu’il est notre reflet dans une nature en apothéose comme si nous nous étions trouvés en nous libérant de nos angoisses, retrouvant une forme de sérénité au sein de la nature-même.
Entre deux projections, notre déambulation nous amène à découvrir des installations en réalité augmentée dans les couloirs de l’espace, comme le livre pop-up augmenté d’Adrien M. et Claire B. Acqua Alta – La traversée du miroir. À travers l’écran d’un Ipad, les décors en papier rendent presque palpable l’univers animé de l’histoire : une chorégraphie entre un homme et une femme, reliés par une maison et l’imaginaire de l’eau.
Nous avons été conviées à une discussion avec Pierre Friquet et Rémi Large, sur l’écriture et la création. Leurs connaissances dans le domaine du cinéma les ont amenés à questionner les nouvelles possibilités de créations visuelles et d’expériences narratives, et à se plonger dans l’univers de la VR (virtual reality ou réalité virtuelle). L’immersion que rend possible la VR avec le spectateur est un champ d’expérimentation : la trame narrative n’est plus linéaire, c’est-à-dire que le déroulé ne sera pas le même selon chacun. Au delà du récit, l’interactivité avec le casque rend l’histoire spatialisée, donnant au spectateur un espace de possibilités.
Pour que l’expérience soit optimale quelque soit les décisions du spectateur, plusieurs itérations (des tests soumis à un panel) sont souvent nécessaires lors du processus de création. Contrairement au processus dans le cinéma où chaque prise de vue est pensée à l’avance, le projet se construit petit à petit selon les résultats. La VR se rapproche donc plus du jeu vidéo et du théâtre, par l’improvisation, les possibilités d’amélioration, et par le droit à l’erreur.
Ce festival permet finalement d’ouvrir des possibilités sur les films et jeux de demain par de nouveaux moyens. On observe, on ressent, on expérimente. Nous ne sommes plus seulement spectateur mais acteur, nous côtoyons et explorons l’image par des univers aussi singuliers les uns que les autres. La VR, l’AR et la projection permettent une interaction avec l’image et une nouvelle relation au corps.
Merci à Clarisse Hélie, Léa Taing, Kamil Izaret du DSAA DCN, École Estienne !